Vingt ans après « Departures », qui marquait ses débuts discographiques sous le signe, déjà, des voyages transcontinentaux, ce pianiste citoyen du monde revient avec un album pas moins marqué par ses amours musicales sans frontières. En mode trio à personnel variable — ses interlocuteurs changent selon les titres — Jo Kaiat, né à Nice en 1960, livre un carnet de voyage tout en finesse, élégance et retenue. Sous ses doigts résonnent naturellement les échos et les richesses, comme il le dit fort justement, « des musiques hébraïques du Moyen-Orient, de l’Afrique de l’Ouest et arabo-andalouses ». Signe qui ne trompe pas et dit la profondeur de chant de cet authentique album où tout est remarquablement pensé — enchaînement des morceaux, durée totale… —, certains thèmes ne vous quittent plus dès la première écoute. On songe notamment à Avishai (en clin d’oeil à l’un de ses sidemen et « ami de longue date », devinez lequel…) et Flamencato. Quant à l’interplay, cette interaction organique qu’on aime tant dans le jazz, elle est à l’honneur dans Souvenirs, soulignée qui plus est par une prise de son très soignée et un juste équilibre entre les musiciens. « Come To My World » : s’il est un titre qui ne ment pas, c’est bien celui de cet enregistrement très attachant.
Noadya Arnoux