« Le Pianiste globe-trotter » est allé enregistrer son nouvel album à Tel Aviv avec un ami de longue date, le contrebassiste AVISHAI COHEN et trois musiciens israéliens : NOAM DAVID (batterie), GILAD ABRO (contrebasse) et ILAN KATCHKA (percussions). Dans ce projet, JO KAIAT puise dans les richesses des musiques hébraïques du Moyen-Orient, de l’Afrique de l’Ouest et arabo-andalouses. Ce jazz hybride aux influences multiples, en fait un album métissé qui reflète avec sensibilité la somme des expériences du pianiste à travers le monde.
SORTIE 03 JUILLET 2020 / LABEL IMAGO RECORDS / DISTRIBUTION SOCADISC en Pré-commande Vinyle + CD
Aquarelle de l’album réalisé par EMILIE CAMATTE / https://www.emilie-illustration.fr
« Le pianiste de jazz Jo Kaiat décline sur un double album une invitation au voyage. Première destination: Delhi. Le clavier orientaliste lutine avec le violon de Johar Ali Khan et les tablas de Shabaz Hussain Khan. Jo Kaiat ne se disperse pas, son jeu demeurant d’une extrême densité. Le musicien français démontre, dans cette parcimonie, que la musique indienne ne se satisfait pas d’un lyrisme outrancier. Second départ, pour Bamako. La formule du trio est conservée, contribuant à la sobriété du dialogue. Un couple de percussions mandingues, le djembé et le doum doum, induit une pulsation à laquelle Jo Kaiat se soumet docilement. Cheick Fantamady Koné, esprit frappeur du Mali, entonne des chants que l’on imagine guerriers, avant de découvrir les traductions. Le livret évoque en réalité un lion mourant, une marchande endettée et des rencontres festives. Des thèmes simples, pour une musique qui ne l’est pas moins. Refusant tout artifice de studio, Jo Kaiat invente une world music qui frappe par son intuition. La pochette de l’album a beau multiplier les références au tarmac, cet opus itinérant n’a rien d’une musique d’aéroport. » Arnaud Robert pour Le Temps.ch
Jo Kaiat commence à composer à l’age de seize ans, plus tard il suivra des études de compositions ainsi que l’harmonie et le contrepoint à l’académie RUBIN de Jerusalem.
Ses influences sont : Bartok, Stravinski, Ravel, Debussy, Alban Berg, Monk, Paul Bley, Bud Powell, Mingus, Jobim…
Il compose au goût du jour et par le fruit de ses rencontres.
Jo Kaiat est aussi interprète des grands classiques tel que Duke Ellington, T Monk, M Davis, C Parker, Bud Powell, Jobim… ainsi que des musiques ethniques et populaires.
Jo Kaiat arrange suivant la demande et dans les diversités culturelles. Il a réalisé un arrangement récent sur FLAKAN (composition à partir du patrimoine Malien)
Arrangement pour cinq saxophones, flute Peul et percussions
Le piano peut reproduire les percussions et prendre des allures de harpe, de balafons, ou de gembri, les tam tam riff comme des cuivres. Jo Kaiat a réalisé plusieurs adaptations aux sonorités africaines de morceaux connus de Bach, Bartok, Duke Ellington…
Prélude en do# majeur de J S Bach, adapté et arrangé par Jo Kaiat
Bartok joué sur le balafon, adapté et arrangé par Jo Kaiat
Fameux standard de Duke Ellington, adapté et arrangé par Jo Kaiat
Quand on naît jazzman, on est ouvert sur le monde des musiques. C’est le siècle qui en termine et qui le dit à l’oreille de celui qui la tend. Au début, le jazz est né en noir et blanc, enfant illégitime du gospel et du classique, métis du blues et de la country. Et puis, il s’est inventé un monde, un univers au-delà des questions de styles, une partition qui file à l’envi vers l’infini. Pour grandir, pour nourrir son appétit de musiques, sa soif d’improvisation. il s’est servi partout où on l’invitait, il s’est invité partout où cela pourrait le servir. Aux quatre coins des cinq continents, il s’est enivré, s’est rassasié, il a dégusté aussi. Histoire de ne pas resservir les mêmes plats. Savoureux cocktails et cuisine nouvelle certes, mais pour que la sauce monte jusqu’au nez, pour que le brouet soit réussi, dans le respect des traditions. Depuis plus de 80 ans, il en va ainsi, curieux des choses de ce monde, de leurs couleurs d’origine. Depuis tout ce temps, le jazz, gourmand et gourmet, n’a pas fini de goûter les plaisirs desmélanges raffinés, mitonnés à l’ancienne, soufflés dans l’instant présent. Les lettres de noblesse du jazz, c’est son esprit. Le jazz est un monde de musiques au pluriel, au singulier. Il l’est par nécessité, c’est sa raison de vivre. Il l’est par plaisir, c’est sa façon de jouer.
Jo Kaiat l’a bien compris. C’est en cherchant qu’il s’est trouvé. De Paris à Bamako, de New York à New Delhi, il a fait voyager sa musique, loin du middle of the road, dériver son piano de continent en continent, en quête d’une identité, en accord parfait avec sa façon de voir et de vivre, ici et maintenant, dans un temps qui se conjugue avant tout au présent. Il a creusé son sillon, toujours plus profond. Le pianiste s’est forgé un caractère, un style. Sa musique parle le créole, le sien, le nôtre aussi pour ceux qui savent écouter. Bien entendu! En 1999, la world music est dans toutes les bouches et pourtant elle ne parle bien souvent qu’une seule langue. En 1999, la fusion n’évite toujours pas les confusions. On se marie le temps d’un disque, on prend quelques notes au passage, on dialogue un peu, à peine, du bout des lèvres. D’autres vont plus loin, prennent leur temps, du recul pour de l’avance. Jo Kaiat l’a bien compris. Pour incarner sa vision, pour être en accord parfait avec sa vie, en harmonie avec les notes qu’il s’est choisies, qui l’ont choisi, il a adopté la formule du trio, l’a adapté selon sa formulation. L’un est Indien, l’autre Africain, l’un et l’autre se ressemblent, les deux ressemblent au maître de céans.
Le jazz de Jo Kaiat fouille aussi du coté des racines. Des tablas et un violon au diapason des modes indiens, un doum-doum et un kamalen n’goni au cœur des rythmes maliens. Somme toute, un tambour et des cordes à la puissance deux. Le premier salue shiva, symbole du mouvement inexorable, sage dieu qui peut se montrer cruel quand .l’heure l’exige. Le second en passe par le Maroc visiter le long blues des descendants gnaoua, ces autres hommes bleu nuit. Ici et là, une certaine idée d’un jazz incertain n’est jamais bien loin. Le premier revisite La lit, un rag bien ancien qui symbolise la séparation des amants, qui se joue quand la nuit se couche. Le second reprend le korédouga, un chant traditionnel qui invite à faire la fête, où tout et son contraire est possible. Jo Kaiat aime à jouer des paradoxes. Les rythmes sont de la fête à Delhi, les harmonies entrent dans la transe à Bamako. Et Inversement.
Tout n’est pas simple. Le pianiste a tracé des lignes qui dévient, qui se tendent, s’étirent. se raccourcissent. Deux triangles isocèles, deux versions originales d’un jazz qui a le devoir de l’être, deux visions pas carrées d’un musicien, qui conjugue le plus que parfait et futur antérieur. hier et demain. Animé par l’esprit frappeur de Jo Kaiat le piano devient tambour. Agité par la pensée fertile, le pianodevient mélodie. Main gauche, main droite, il est tout à la fois, tour à tour minimaliste et expressionniste, sombre et coloré, puissant et lègé. Il y a beaucoup de virtuosité. Il y a encore bien plus d’idées. A quoi bon aligner les notes dans tous les sens si elles ne sont pas guidées par une voix, vers un chemin de traverse.
Ecoutez. ça n’a rien à voir. Ecoutez, vous n’en reviendrez pas.
Jacques Denis